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Syn­di­cat du Ministère

de l’Intérieur
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A

M. MANUEL VALLS

MIN­ISTRE DE L’INTERIEUR


Depuis la fin de l’année 2012, un vent de panique souf­fle sur l’administration cen­trale, et plus pré­cisé­ment sur le titre II du pro­gramme CPPI (Con­duite et Pilotage des poli­tiques de l’Intérieur), qui accuse un déficit de 10 mil­lions d’euros.

Ainsi, sous l’effet con­jugué de la MAP (Mod­erni­sa­tion de l’Administration publique) et de ce glisse­ment inat­tendu de la masse salar­i­ale, vous avez décidé de sup­primer plus de 200 emplois en 2013 dans les ser­vices cen­traux.

Pour ce faire, il a été demandé aux direc­tions de délester au plus vite leurs sché­mas d’emplois en agis­sant sur leurs mail­lons faibles, fonc­tion­naires détachés, agents con­tractuels, qui ne sont pas renou­velés, et sur les départs volon­taires qui ne sont pas remplacés.

La CFDT con­damne cette déci­sion prise dans la pré­cip­i­ta­tion, sans pren­dre le temps, de l’analyse (nous atten­dons tou­jours une expli­ca­tion), de la réflex­ion, et de la con­cer­ta­tion, en par­ti­c­ulier avec les représen­tants du personnel.

Il s’agit d’une sit­u­a­tion de crise qui mérite un traite­ment à la hau­teur des enjeux, trans­par­ent, respectueux des per­son­nels et de leurs missions.

Or, aucune com­mu­ni­ca­tion insti­tu­tion­nelle n’a été mise en place et les agents, réduits à l’état de vari­ables d’ajustement, ont été infor­més bru­tale­ment qu’ils étaient con­gédiés du min­istère de l’intérieur, ce qui a sus­cité malaise et indig­na­tion chez les col­lègues con­cernés, mais égale­ment dans leur entourage pro­fes­sion­nel, chefs de ser­vice compris.

La poli­tique qui con­siste à « virer » des agents pour résor­ber un déficit dont ils ne sont pas respon­s­ables est non seule­ment indigne du min­istère de l’intérieur, mais elle n’est pas appropriée.


D’une part, et en pri­or­ité, il est tout-​à-​fait pos­si­ble et néces­saire de mobiliser les ressources d’autres pro­grammes, le déficit ne représen­tant que 0,06 % de la masse salar­i­ale totale du min­istère de l’intérieur qui s’élève à plus de 16 mil­liards d’euros.

Nous vous rap­pelons que cette sol­i­dar­ité a très bien fonc­tionné au béné­fice de la Police Nationale qui a dû faire face à des déficits impor­tants, suite aux mesures caté­gorielles et indem­ni­taires dont les per­son­nels act­ifs ont béné­fi­cié depuis 2004 (460 mil­lions d’euros)

Le pro­gramme police a ainsi été abondé à hau­teur de 20,9 mil­lions d’euros en 2009, de 115 mil­lions d’euros en 2010 et de 34,9 mil­lions d’euros en 2012, et ce sans contrepartie.

  • D’autre part, détru­ire de manière aussi dras­tique et aveu­gle des emplois du pro­gramme CPPI, sans vous préoc­cu­per des mis­sions con­cernées, aura des con­séquences néfastes

- pour la santé physique et morale des agents qui sont d’ores et déjà à la lim­ite de ce qu’il est pos­si­ble de sup­porter en terme de charge de tra­vail et de pression

- pour le fonc­tion­nement de l’ensemble des ser­vices du min­istère de l’intérieur, tous pro­grammes con­fon­dus, qui dépen­dent très étroite­ment, dans leur activ­ité, des direc­tions sup­ports (DRH, DEPAFI, DSIC, DMAT, DLPAJ) du pro­gramme CPPI.

  • Enfin, il est urgent d’engager une réflex­ion sur les mis­sions et l’organisation de l’administration cen­trale dans le cadre d’un dia­logue social actif.

A cet égard, si le relevé de déci­sions que vous avez signé affiche des ambi­tions que nous partageons :

« améliorer le fonc­tion­nement des ser­vices par une clar­i­fi­ca­tion des respon­s­abil­ités, une mutu­al­i­sa­tion des équipes et des com­pé­tences, une sup­pres­sion des dou­blons ou des redon­dances constatés ;

employer plus rationnelle­ment les ressources humaines et finan­cières afin de ren­dre souten­ables les objec­tifs assignés au min­istère dans le con­texte d’un rétab­lisse­ment sans précé­dent des finances publiques »


il n’en demeure pas moins que les évo­lu­tions organ­i­sa­tion­nelles validées, sans con­cer­ta­tion préal­able, ne remet­tent pas en cause les féo­dal­ités en place et ne répon­dent donc que très par­tielle­ment aux objec­tifs fixés.

Il est donc urgent, Mon­sieur le min­istre, pour redonner con­fi­ance aux per­son­nels administratifs

et tech­niques, de leur mon­trer, en agis­sant dans la trans­parence, dans le cadre d’un dia­logue social ouvert et respectueux des per­son­nels, que vous n’êtes pas que le Min­istre de la police et des policiers.


La secré­taire générale

Louise-​Marie SIADOUS